jeudi 23 août 2012


I. Place de la logique, l’être et les catégories


La logique est la propédeutique de toute science, et n’a d’objet que les formes que peuvent prendre les raisonnements. Mais avant l’étude de ces derniers, il faut étudier la proposition, et plus avant encore, les catégories qui sont dites sans liaison, notions (synonymes) et non noms (représentés par les homonymes).

Le traité des catégories est le premier texte de l’Organon, la logique aristotélicienne, qui est une propédeutique à l’enseignement de toute la philosophie théorétique, pratique et poétique. Contrairement à la division, devenue classique depuis les stoïciens, en logique, physique et éthique, Aristote ne considère pas la première comme une science indépendante, mais comme un simple outil. Contrairement aux autres traités logiques, les catégories appartiennent à la philosophie première ; ainsi, comme leur nom l’indique (categorein signifie prédiquer, accuser), c’est l’être qui est visé, son essence, son terme, et ses genres. Dès à présent on gardera donc à l’esprit la différence entre dire quelque chose d’un sujet et être dans un sujet.

Les catégories « expriment quelque chose de l’être » et sont attributs du sujet philosophique, et peuvent l’être du sujet grammatical (Hamelin, 7ème leçon). à l’exception de l’ουσία, malheureusement traduite par substantia par glissement de subjectum, première qui sera donnée à ce qui n’est attribut de rien : l’individu. Les catégories restantes seront apposées par la suite. Toutes sont les genres les plus généraux, irréductibles entre eux : ils sont des perspectives sur l’être et non un chemin unique de hiérarchie, comme chez Platon. En outre, elles ne comprennent ni l’Un ni l’être, généralement et outre mesure applicables à toutes choses.

Quand l’être pour Platon est le genre, l’universel, et comprend tout ce qui est, le sensible étant la pâle copie d’éternels archétypes, il devient pour le Stagirite πολλαχώς — multiple sans que l’on puisse le réduire à un genre unique.

Il y a donc, dès le départ, une désunion originelle de l’être, qui reçoit quatre significations principales :
- l’être selon les catégories ;
- l’être selon l’acte et la puissance ;
- l’être comme vrai (« cela est ») ;
- l’être par accident.

Les catégories sont au nombre de dix, dont les plus importantes sont :
- la substance         Il est un homme. (Chap. 5)
- la quantité            Il est grand de trois coudées. (Chap. 6)
- la relation             Il est plus vieux que Socrate. (Chap. 7)
- la qualité              Il est athénien. (Chap. 8)


II. Le traité dans l’histoire


On ne s’imagine pas aisément la portée que possède ce traité, si ce n’est que celle historique ; selon Strabon et Plutarque, Sylla, après la prise d’Athènes en 86 avant notre ère, recouvre les livres d’Aristote, oubliés dans une cave, qui seront édités et classés à Rome par Andronicos de Rhode (-60). Au cours de l’antiquité plus tardive et du haut moyen âge, une éclipse des œuvres d’Aristote survient, sauf pour les traités de l’Organon et le traité De l’âme. En réalité les œuvres seront passés dans la civilisation arabe, et ne reviendront en Europe, par le biais des écoles de Tolède, d’Italie, ou des croisades, qu’au XIIe siècle.

On ne saura insister sur l’importance de la logique, qui n’est pas une finalité épistémique, mais le moyen d’en faire l’étude, importance confirmée par la division des disciplines, de l’antiquité à nos jours. Ainsi le Moyen Âge aura comme propédeutique — élargie — le Trivium (grammatica, rhetorica, dialectica) et le Quadrivium (arithmetica, geometria, astronomia, musica), tous deux formant les arts libéraux, pour organiser les esprits en vue du niveau supérieur des études en théologie, en droit ou en médecine, et le monde d’aujourd’hui encore garde plus ou moins le scel de cette histoire, avec des facultés en Art ou Philosophie (Allemagne, Angleterre, Grèce). La France aura divisée ces « Arts » en Lettres et Sciences, trivium et quadrivium...

On divise le traité des catégories en trois parties : les anteprédicaments, les prédicaments (les dix catégories per se) et les postprédicaments.


III. Division et plan du traité


A. Les anteprédicaments


B. Les prédicaments

Chapitre 4 : les catégories
Chapitre 5 : de la substance
Chapitre 6 : de la quantité
Chapitre 7 : des relatifs
Chapitre 8 : de la qualité

C. Les postprédicaments

Chapitre 10 : des opposés
Chapitre 11 : des contraires
Chapitre 12 : de l’antérieur
Chapitre 13 : du simultané
Chapitre 14 : du mouvement
Chapitre 15 : du terme « avoir »