I. Place
de la logique, l’être et les catégories
La logique est la propédeutique de toute science, et n’a d’objet que les formes que
peuvent prendre les raisonnements. Mais avant l’étude de ces derniers, il faut
étudier la proposition, et plus avant encore, les catégories qui sont dites
sans liaison, notions (synonymes) et non noms (représentés par les homonymes).
Le traité des catégories est le premier texte
de l’Organon, la logique aristotélicienne, qui est une propédeutique à
l’enseignement de toute la philosophie théorétique, pratique et poétique.
Contrairement à la division, devenue classique depuis les stoïciens, en
logique, physique et éthique, Aristote ne considère pas la première comme une
science indépendante, mais comme un simple outil. Contrairement aux autres
traités logiques, les catégories appartiennent à la philosophie première ;
ainsi, comme leur nom l’indique (categorein
signifie prédiquer, accuser), c’est l’être
qui est visé, son essence, son terme, et ses genres. Dès à présent on gardera
donc à l’esprit la différence entre dire quelque chose d’un sujet et être dans
un sujet.
Les catégories « expriment quelque chose
de l’être » et sont attributs du sujet philosophique, et peuvent l’être du
sujet grammatical (Hamelin, 7ème
leçon). à l’exception de l’ουσία,
malheureusement traduite par substantia
par glissement de subjectum, première
qui sera donnée à ce qui n’est attribut de rien : l’individu. Les
catégories restantes seront apposées par la suite. Toutes sont les genres les plus généraux, irréductibles
entre eux : ils sont des perspectives
sur l’être et non un chemin unique de hiérarchie, comme chez Platon. En
outre, elles ne comprennent ni l’Un ni l’être, généralement et outre mesure
applicables à toutes choses.
Quand l’être pour Platon est le genre,
l’universel, et comprend tout ce qui est, le sensible étant la pâle copie
d’éternels archétypes, il devient pour le Stagirite πολλαχώς — multiple sans que l’on puisse le
réduire à un genre unique.
Il y a donc, dès le départ, une désunion originelle de l’être, qui
reçoit quatre significations
principales :
- l’être selon les catégories ;
- l’être selon l’acte et la puissance ;
- l’être comme vrai (« cela
est ») ;
- l’être par accident.
Les catégories sont au nombre de dix, dont les
plus importantes sont :
- la substance Il
est un homme. (Chap.
5)
- la quantité Il
est grand de trois coudées. (Chap.
6)
- la relation Il
est plus vieux que Socrate. (Chap. 7)
- la qualité Il est athénien. (Chap. 8)
II. Le traité dans l’histoire
On ne s’imagine pas aisément la portée que
possède ce traité, si ce n’est que celle historique ; selon Strabon et
Plutarque, Sylla, après la prise d’Athènes en 86 avant notre ère, recouvre les
livres d’Aristote, oubliés dans une cave, qui seront édités et classés à Rome
par Andronicos de Rhode (-60). Au cours de l’antiquité plus tardive et du haut
moyen âge, une éclipse des œuvres d’Aristote survient, sauf pour les traités de
l’Organon et le traité De l’âme. En réalité les œuvres seront
passés dans la civilisation arabe, et ne reviendront en Europe, par le biais
des écoles de Tolède, d’Italie, ou des croisades, qu’au XIIe siècle.
On ne saura insister sur l’importance de la
logique, qui n’est pas une finalité épistémique, mais le moyen d’en faire
l’étude, importance confirmée par la division des disciplines, de l’antiquité à
nos jours. Ainsi le Moyen Âge aura comme propédeutique — élargie — le Trivium (grammatica, rhetorica,
dialectica) et le Quadrivium
(arithmetica, geometria, astronomia, musica), tous deux formant les arts
libéraux, pour organiser les esprits en vue du niveau supérieur des études en
théologie, en droit ou en médecine, et le monde d’aujourd’hui encore garde plus
ou moins le scel de cette histoire, avec des facultés en Art ou Philosophie
(Allemagne, Angleterre, Grèce). La France aura divisée ces « Arts »
en Lettres et Sciences, trivium et quadrivium...
On divise le traité des catégories en trois
parties : les anteprédicaments, les prédicaments (les dix catégories per se) et les postprédicaments.
III. Division
et plan du traité
A. Les anteprédicaments
Chapitre 1 : des homonymes, synonymes et paronymes
Chapitre 2 : des différentes expressions
Chapitre 3 : de la relation entre le prédicat et le sujet
B. Les prédicaments
Chapitre 4 : les catégories
Chapitre 5 : de la substance
Chapitre 6 : de la quantité
Chapitre 7 : des relatifs
Chapitre 8 : de la qualité
Chapitre 9 : de l’action, la passion et autres catégories
C. Les postprédicaments
Chapitre 10 : des opposés
Chapitre 11 : des contraires
Chapitre 12 : de l’antérieur
Chapitre 13 : du simultané
Chapitre 14 : du mouvement
Chapitre 15 : du terme « avoir »